La rencontre a pour objectif de thématiser la coordination des compétences communicationnelles des personnes en situation de handicap. La relation interactionnelle se déploie de façon complexe entre les exigences linguistiques au sens strict, les exigences pragmatiques qui en assurent la mobilisation en contexte, et les exigences de la communication. La présence de troubles dans l’un de ces domaines rend le locuteur vulnérable, par des troubles portant sur l’habilité langagière (par exemple, en cas d’aphasie non fluente, où le locuteur communique bien alors qu’il parle difficilement) ;des troubles portant sur l’habilité interactionnelle (par exemple en cas de troubles du spectre autistique ou de schizophrénie, où le locuteur parle bien tandis qu’il communique difficilement) ; des troubles portant sur l’ensemble des habilités langagières et interactionnelles, cas par exemple de certaines pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer et certains polyhandicaps congénitaux, qui plongeant le locuteur dans une forme de lockdown communicationnel.
Dans tous les cas, la communication telle qu’elle est observée en situation est basée sur l’adaptabilité, et, par conséquent, fonctionnelle dans la praxis. L'utilisation de la langue en contexte de communication, qui est garantie par la compréhension du cadre d’action et l’interprétation in situ des séquences, mobilise de nombreux mécanismes inférentiels en lien avec la gestion de la relation interlocutive et de la contextualisation du discours en interaction.
La description de la vulnérabilité en situation est rendue difficile par son entremêlement avec des troubles à différents niveaux (linguistiques, pragmatiques, cognitifs). Comment documenter, décrire, interpréter le trouble dans un ou plusieurs des domaines liés au langage et à la communication et son impact sur la participation de la personne à l’interaction sociale ? Quelles modalités de recueil des données permettent d’appréhender la manifestation de ces troubles en contexte écologique ? En termes de construction intersubjective, la vulnérabilité donne lieu à des auto- et hétéro-catégorisations dans l’interaction : avec quelles ressources verbales et multimodales les locuteurs signifient-ils leur vulnérabilité, visant à l’ajustement des conditions communicatives en situation ?
Dès lors que la participation est une responsabilité partagée de tous les participant.e.s, un autre aspect concerne les modalités de la prise en soin des personnes atteintes de troubles communicationnels. Par quelles techniques conversationnelles les troubles sont-ils compensés dans l’écologie communicative ? Quelles conséquences ont-ils sur l’organisation de l’interaction, sur la répartition des rôles dans l’échange, ou sur l’émergence de routines spécifiques ? Quels indicateurs permettent de renseigner sur l’amélioration de la communication grâce à des ajustements mutuels ? Quelles techniques de compensation / d’adaptation peuvent être observées et quelle est leur place dans l’interaction ? Comment envisager les transpositions thérapeutiques / cliniques en termes de formation des acteurs ?
Conférences plénières
Stephane Raffard, Epsylon, Université Paul Valéry, ICARES : Exploration du rôle de la stigmatisation et des expressions faciales dans la formation des premières impressions des personnes ayant un diagnostic de schizophrénie
Gaëlle Ferré, FORELLIS, Université de Poitiers : Multimodalité de la disfluence dans la parole aphasique
Isabel Colon de Carvajal, ICAR, ENS de Lyon : Les fonctions des répétitions et reformulations des tiers en interaction avec des patients Alzheimer. Une étude de cas
Lieu et accès
Le lieu :
Maison des Sciences de l'Homme 71 rue du Professeur Henri Serre Montpellier